Prêtez l'oreille, et vous les entendrez peut-être murmurer un poème, fredonner une complainte, entonner le refrain d'un chant d'exil. En quittant leur terre natale, les femmes immigrées du Maghreb ont emporté avec elle un précieux héritage, transmis de mère en fille depuis des temps immémoriaux. Un legs de poésie, de littérature orale et de chants rituels, monodies venues du fond des âges qui rythmaient la vie paysanne. Dans l'espace profane, dans la vie quotidienne ou dans les fêtes, le chant est bel et bien affaire de femmes. Projetées dans un monde étranger, les femmes immigrées ont puisé dans le chant et y puisent encore la force d'affronter les heurts de la vie, la solitude, la douleur de l'exil, les conflits conjugaux, les amours contrariées, la nostalgie du pays natal, les blessures encore à vif de la guerre d’Algérie. À Bagnolet, cet art se perpétue au travers de la Chorale berbère créée il y a huit ans. Elle rassemble, chaque semaine, des dizaines de femmes originaires de Kabylie ou d’autres régions du Maghreb. Leur voix sont précieuses et subversives. Pour paraphraser Kateb Yacine, ces femmes qui chantent dans l'exil valent leur pesant d'or.
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